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Gentleman Jack

LGBT, littérature, Séries TV, films, poèmes, les lesbiennes qui ont marqué l'histoire

Maud Allan

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Nom :  Beulah Maude Durrant ou Ulah Maud Alma Durrant
Pseudonyme : Maud Allan
Parents :  William Durrant et Isabelle
Date de naissance :  27 août 1873
Lieu de naissance :  Toronto (Canada)
Date de décès :  7 octobre 1956
Lieu de décès :  Los Angeles
Nationalité : Canadienne
Conjointe :  Verna Aldrich
Etudes : Piano et danse
Métiers : Danseuse, professeure de danse

 

 

Maud Allan

 

 ENFANCE ET PIANO

Beulah Maude Durrant ou Ulah Maud Alma Durrant nait en 1873 à Toronto, au Canada. Elle est la seconde enfant et seule fille de William Allan Durrant, cordonnier et d'Isabelle, femme au foyer et fille adoptive de Mme Dredger de Toronto. Très vite, Maud montre une aptitude à jouer du piano et est très douée pour la musique. Son professeur est Mlle Lichenstein, un professeur bien connu à Toronto et à Montréal. En 1887, sa mère, son frère et elle-même déménagent à San Francisco, en Californie, pour retrouver leur père qui y vivait depuis 3 ans, établissant ainsi une vie pour la famille.

Theo et Maud fréquentent la Lincoln High School puis le Cogswell Technical Institute où elle suit des cours de sculpture sur bois; Durant ce temps, elle continue à pratiquer et à enseigner le piano. Elle donne également des concerts dans les maisons de personnes aisées vivant à San Francisco comme Adolph Sutro. La rumeur veut d'ailleurs que Sutro soit le père biologique de sa mère, et il y a suffisamment de preuves pour supposer que c'est vrai, car la famille avait peu d'argent, mais Isabelle a pu envoyer Theodore dans un pensionnat privé et s'offrir une maison dans un quartier aisé de San Francisco appartenant à Sutro.

La famille est aussi activement engagée dans l'église baptiste Emmanuel, en particulier son frère Theodore qui est le surintendant adjoint de l'école de l'église.
Le professeur de piano de Maud Allan, Eugene Bonelli, directeur de la grande académie de musique de San Francisco, lui recommande alors de poursuivre ses études à Berlin.

 

Theodore Durrant, frère de Maud Allan
Theodore Durrant, frère de Maud
 ALLEMAGNE ET MEURTRE

Elle rejoint donc l'Allemagne pour poursuivre ses études de musique afin de devenir pianiste de concert. En 1895, elle a 22 ans quand elle intègre la formation Königliche Akademische Hochschule für Musik, de Berlin (Allemagne). En 1897, son frère Théodore (1871-1898), étudiant en médecine est arrêté pour le meurtre de deux jeunes femmes, meurtre qui a eu lieu dans son église. Théo est condamné à mort et pendu le 7 janvier 1898 à la prison de San Quentin.
Maud s'est longtemps blâmée pour la mort de son frère parce qu'elle croyait que si elle ne l'avait pas quitté, il n'aurait pas commis ces meurtres. Elle a toujours maintenu que son frère était innocent et qu'il était mort inutilement. La mort de son frère va marquer Maud pendant de nombreuses années, et elle et sa mère Isabella vont disperser ses cendres dans toute l'Europe.

Cet évènement va la décider à changer son nom de Durrant pour celui d'Allan. Pour survivre, elle fait différents métiers comme modèle pour des produits de cosmétique, des travaux de couture et la fabrication de corsages. Elle va même publier un manuel sexuel pour femmes qu'elle va intitulé "Illustriertes Konversations-Lexikon der Frau." (Dictionnaire de conversation illustré de la femme).

Maud Allan dans Salomé - Maud Allan, dans "La vision de Salomé"
Maud Allan, dans "La vision de Salomé"
 DANSE ET SALOME

On prétend que la première fois que Maud Allan a dansé, c'était devant Busoni et qu'il a été enthousiasmé par sa performance, lui demandant d'arrêter le piano et de poursuivre la danse à la place. L'un des contemporains de Busoni était Marcel Remy, qui est devenu son agent, son manager et son compositeur.

Elle commence alors sa carrière de danseuse au Conservatoire de Vienne, le 24 décembre 1903, à l'âge de 30 ans sur des airs de Mendelssohn, Beethoven, Bach, Schumann, Chopin, Schubert et Debussy. Maud Allan fait tourner ce spectacle dans toute l'Europe et se rend dans des villes comme Liège, Bruxelles, Berlin, Leipzig et Cologne au cours des cinq années suivantes. Ces cinq années sont cruciales pour consolider le changement de carrière de Maud Allan, de pianiste à danseuse, et pour légitimer ses talents dans les rôles interprétés par Isadora Duncan et Ruth St Denis.
Mais le rôle qui va marquer sa carrière, c'est celui de Salomé tirée de la pièce du même nom écrite par Oscar Wilde, l'écrivain irlandais et homosexuel notoire. La pièce est centrée sur Salomé, belle-fille du roi Hérode, attirée par Jokanaan (Jean le Baptiste) qui a été emprisonné par son beau-père.

Maud Allan, dans Salomé - Maud Allan, dans "La vision de Salomé"
Maud Allan, dans "La vision de Salomé"

C'est Max Reinhardt, qui va influencer les interprétations de Maud Allan dans ce rôle. 
A la suite de cette première tournée, elle devient une seconde Isadora Duncan aux yeux de certains, une pâle copie pour les autres. Les gestes de Maud Allan comporte une indéniable composante de sensualité et elle est principalement connue pour sa Danse des sept voiles. Allan dansait seins nus, son corps n'étant recouvert que de bijoux. Elle décide en effet de danser ainsi parce qu'elle pense que son corps est son instrument de création. Une tête de Jean-Baptiste sculptée en cire et réaliste lui sert également d'accessoire à la fin du spectacle, ce qui a attire l'attention des médias pour son caractère macabre et absurde. Cette attention médiatique lui permet de voyager à travers l'Europe. 
Elle décide dans la foulée d'abandonner ses études de musique et en mai 1907, elle se produit en France, au Théâtre des Variétés puis à Marienbad où elle danse devant le roi d'Angleterre Edouard VII qui la recommande au Palace Theatre de Londres.

La première au Palace Theatre est un énorme succès (Elle va se produire à Londres pendant 18 mois et jouer La Vision de Salomé 250 fois), ce qui lui permet de se produire ensuite à Saint-Petersbourg en 1909 et à Moscou, en 1910 après avoir effectuée une tournée en Amérique. Son succès lui vaut d'écrire son autiobiographie "My life and dancing" qui est parue l'année précédente.

En 1911, elle part pour une tournée en Afrique du Sud et fait la connaissance à Johannesbourg du trio Cherniavsky. Ensemble, ils entreprennent une tournée de 1913 à 1916 en Inde, en Australie, en Asie et aux Etats-Unis. Sa tournée passe par New York, Chicago, Philadelphie, Washington, Milwaukee, Cincinnati, Kansas City, San Francisco, Oakland, Los Angeles, Atlanta, Sacramento, Stockton, San Jose, Rochester et San Diego.

Puis elle revient à Londres pour reprendre sa carrière, en 1916.  

Après son retour à Londres, Maud Allan commande à Debussy la musique d'un nouveau spectacle qu'elle a créé, intitulé Khamma, pour remplacer The Vision of Salome dans son numéro. L'histoire est celle d'une danseuse égyptienne, Khamma, qui se donne en sacrifice au dieu Amon-Rê. Khamma était beaucoup plus ambitieux que La Vision de Salomé, car Allan inclue d'autres danseurs, tous chorégraphiés par elle, une symphonie complète et parfois des chanteurs. Elle commence à travailler en collaboration avec Debussy tout en continuant à se produire à Londres.

Maud Allan, dans The Vision of Salome, la vision de Salomé
Maud Allan, dans "La vision de Salomé"

 

  CINEMA

Fin 1915, elle retourne aux États-Unis chez ses parents qui vivent à Los Angeles. C'est là qu'elle apparaît dans le film muet The Rug Maker's Daughter, où elle interprète à l'écran des extraits de The Vision of Salome. Elle entame une nouvelle tournée nord-américaine en 1916 qui se solde par un désastre. Elle nomme son ami et manager Charles Macmillen à la tête de la Maud Allan Concert Agency à New York pour gérer la deuxième tournée nord-américaine. Elle engage son propre orchestre et un groupe de danseurs pour rendre cette tournée beaucoup plus élaborée que la précédente. Allan commence cette tournée le 28 septembre 1916 à Albany et remonte ensuite jusqu'au Canada. Malgré cela, la tournée s'effondre par manque de fonds. Elle termine la deuxième en Amérique du Nord en avril 1917 en se rendant à New York et en se produisant au Palace Theatre pendant deux semaines. Au cours de la deuxième semaine, elle présente la Vision de Salomé, qui est rejetée par la critique et qui ne sera jamais reprise.

 

 

  LE PROCES

 

Elle retourne à Londres en 1918 et tient le rôle principal d'une nouvelle version de Salomé dans la production de Jack Grien. La pièce par Grien n'est pas une représentation publique et les spectateurs doivent faire une demande pour y assister afin de contourner la loi selon laquelle les personnages bibliques ne peuvent être représentés dans l'art. Cette représentation incite le député britannique Noel Pemberton Billing à publier un article intitulé "Le culte du clitoris" dans le journal Vigilante, dans lequel il accuse Maud Allan d'être une lesbienne et une espionne à la solde des allemands. (Même si les relations homosexuelles entre femmes n'ont jamais été illégales en Angleterre, elles étaient considérées comme déplorables par la société). Noel Pemberton Billing pense que les personnes figurant dans le supposé livre "Black Book" où l'on trouvait, selon lui, 47 000 noms d'homosexuels, sont victimes de chantage de la part du gouvernement allemand parce qu'elles sont homosexuelles. Ces homosexuels, selon lui, recueille des informations sur la haute société britannique, en échange de quoi les Allemands gardent leur sexualité secrète.

 

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Maud Allan

Maud Allan poursuit Billing pour diffamation sur la base des chefs d'accusation suivants : le fait d'avoir publié un article diffamatoire sur elle et Grien, et le fait d'avoir inclus des obscénités dans l'article. Le procès devient un sujet d'actualité national et dure entre 5 et 6 jours.
Billings se représente lui-même et fait appel à des témoins de la défense très en vue, notamment Eileen Villiers-Stewart, qui était sa maîtresse. Il introduit également des preuves de la folie d'Allan grâce à des pièces à conviction mettant en évidence le procès pour meurtre de son frère Theo. Il justifie cela en suggérant que la folie de Maud Allan est héréditaire.
Le jury déclare Billing non coupable, ce qui provoque un examen public intense de la pièce d'Oscar Wilde et de Maud Allan elle-même.

Le procès et le tollé public contre Maud Allan contribue, entre autres, à l'arrêt de sa carrière en Europe. Elle retourne en Amérique, à Los Angeles pour être auprès de sa mère après la mort de son père.

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Maud Allan
  LE RETOUR DE SALOME, L'ECOLE DE DANSE

Elle décide de faire une tournée en Amérique du Sud en 1920 et d'y emmener sa mère. Au cours de la décennie suivante, elle se produit à Londres, Bruxelles, Paris, San Francisco, Los Angeles quelques fois encore, avec peu de références notables dans la presse. Elle emmène sa mère à Londres en 1928 et passe les deux années suivantes de sa vie avec elle, jusqu'à sa mort en 1930.
Maud Allan crée la West Wing School of Dancing où elle enseigne la danse aux enfants défavorisés de Londres ainsi qu'à d'autres élèves privés. 

En 1936, elle se produit pour la dernière fois en public à Los Angeles, à la Redlands Community Music Association dans un petit rôle de Max Reinhardt, The Miracle.  et en 1942, abandonne la West Wing School of Dancing après que celle-ci ait été endommagée par une bombe et ait connu des difficultés financières en raison d'un manque de financement. 

Maud Allan
Maud Allan
 DERNIERS METIERS, DERNIERE DANSE, ET  LA FIN

Maud Allan devient alors ambulancière bénévole pour la Croix-Rouge et s'installe l'année suivante définitivement à Los Angeles. Elle travaille 13 ans comme dessinatrice chez Macdonald Aircraft à Santa Monica et s'éteint le 7octobre 1956, dans une maison de retraite.

 

Margot Asquich, maud allan
Margot Asquith
  HOMOSEXUALITE

Maud Allan n'a jamais révélé son orientation sexuelle, mais il existe suffisamment de preuves pour conclure qu'elle a aimé les femmes tout au long de sa vie, notamment Margot Asquith et Verna Aldrich.
Asquith était mariée à Herbert Henry Asquith, Premier ministre du Royaume-Uni de 1908 à 1916 et payait l'appartement que Maud habitait sur Regent's Park et, ce durant vingt ans à partir de 1910.
La relation de Maud Allan avec Margot a pris fin à la mort d'Herbert en 1928. Margot cesse de payer pour l'appartement et Maud commence à avoir une liaison avec sa secrétaire.
Verna Aldrich était la secrétaire de Maud lorsqu'elle travaillait à Londres à la West Wing School of Dance. Elle a vécu avec elle durant dix ans dans l'appartement de Regent's Park.
En 1930, Aldrich reçoit une demande en mariage de la part d'un veuf, ce qui provoque une crise de colère chez Maud, qui menace de révéler qu'Aldrich est lesbienne et de se suicider. Elles restent ensemble jusqu'à ce que l'appartement soit touché par le Blitz.

En fait, ce n'est qu'une façon de dire que Verna ne peut plus financer leur vie. Maud voudrait que celle-ci demande à ses parents, mais Verna refuse et leur relation prend définitivement fin quand Maud accuse Verna de vol et menace de la poursuivre en justice. 

 

Maud Allan
Maud Allan

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Sources :

- blog.nationalarchives.gov.uk
- dcd.ca/allan/darksecrets.html
- wikipedia.org/wiki/Maud_Allan

 

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