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Gentleman Jack

LGBT, littérature, Séries TV, films, poèmes, les lesbiennes qui ont marqué l'histoire

Ode à l'Aphrodita

Ode à l'Aphrodita, poème de sappho, traduction renée vivien, sappho, elms, lgbt, poèmes, poème

 

Toi dont le trône est d'arc-en-ciel, immortelle Aphrodita, fille de Zeus, Tisseuse de ruses, je te supplie de ne point dompter mon âme, Ô vénérable, par les angoisses et les détresses. Mais viens, si jamais, et plus d'une fois, entendant ma voix, tu l'as écoutée, et, quittant la maison de ton père, tu es venue, ayant appelée ton char d'or. Et c'étaient de beaux passereaux rapides qui te conduisaient. Autour de la terre sombre, ils battaient des ailes, descendus du ciel à travers l'éther. Ils arrivèrent aussitôt, et toi, ô bienheureuse, ayant souri de ton visage immortel, tu me demandes ce qui m'était advenu,  et quelle faveur j'implorais, et ce que je désirais le plus de mon âme insensée.  "Quelle Persuation veux-tu donc attirer vers ton amour ? Qui te traite injustement, Psappha ? Car celle qui te fuit promptement te poursuivra, celle qui refuse tes présents t'en offrira, celle qui ne t'aime pas t'aimera promptement et même malgré elle." Viens voir moi encore maintenant, et délivre-moi des cruels soucis, et tout ce que mon coeur veut accomplir, accomplis-le, et sois  Toi-Même mon alliée.

 

Accueille, immortelle Aphrodita, Déesse,
Tisseuse de ruse à l'âme arc-en-ciel,
le frémissement, l'orage et la détresse
De mon long appel

J'ai longtemps rêvé : ne brise pas mon âme
Parmi la stupeur et l'effroi de l'éveil,
Blanche Bienheureuse aux paupières de flamme,
Aux yeux de soleil.

Jadis, entendant ma triste voix lointaine,
Tu vins l'écouter dans la paix des couchants
Où songe la mer, car ta faveur hautaine
Couronne les chants.

Je vis le reflet de tes cheveux splendides
Sur l'or du nuage et la pourpre des eaux,
Ton char attelé de colombes rapides
Et de passereaux.

Et le battement lumineux de leurs ailes
Jetait des clartés sur le sombre univers
Qui resplendissait de lueurs d'asphodèles
Et de roux éclairs.

Déchainant les pleurs et l'angoisse des rires,
Tu quittas l'aurore immuable des cieux.
Là-bas surgissait la tempête des lyres
Aux sanglots joyeux.

Et Toi, souriant de ton divin visage,
Tu me demandas : D'où vient l'anxiété
A ton grave front, et quel désir ravage
Ton corps tourmenté ?

"Qui te fait souffrir de l'âpre convoitise ?
Et quelle Peithô, plus blonde que le jour
Aux cheveux d'argent, te trahit et te méprise,
Psappha, ton amour ?

"Tu ne seras plus les langueurs de l'attente.
Celle qui te fuit te suivra pas à pas
Elle t'ouvrira comme la Nuit ardente,
L'ombre de ses pas.

"Et tremblante, ainsi qu'une esclave confuse,
Offrant des parfums, des présents et des pleurs,
Elle ira vers toi, la vierge qui refuse
Tes fruits et tes fleurs.

"Par un soir brûlant de rubis et d'opales,
Elle te dira des mots las et brisés,
Et tu connaîtras ses lèvres nuptiales,
Pâles de baisers."
 

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